Les performances, entre 1998 et 2004.
Il s’agit de raconter des histoires faites uniquement d’images qui apparaissent peu à peu, la plupart du temps sous les injonctions d’une voix hors champs qui fait agir un corps inhabité.
Le titre de cette action, c’est : la femme de Vitruve. En réponse et en miroir avec l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Vitruve était un architecte (4ème siècle avant J.C.) qui a déterminé les proportions du corps humain, afin de créer une architecture adaptée à l’Homme.
La femme de Vitruve est un clin d’oeil à l’oeuvre de L de Vinci, clin d’oeil ironique, car la femme n’est en aucun cas un terme générique destiné à parler de l’humaine condition, la sémantique du titre met en évidence la seule existence possible de la femme dans la langue : être la femme DE quelqu’un.

LA FEMME DE VITRUVE
Festival d’art contemporain à Melun en 2002. Une série de performances sur et avec le corps. Pourquoi la nudité ? Parce que les vêtements sont la première barrière, première parade, façade, protection qui barre la vue de notre intimité. Une protection ? Pas sûr. L’espace intime n’est jamais autant respecté que lorsque l’on est nu.e; on ne s’approche pas d’un corps nu, c’est intimidant; attirance et effroi.
Couleurs de carnation, recoins, replis du corps, espaces creux, courbes, ronds, poilus, rasés, imberbes… On met le nez dessus lorsque le corps est une image, il est inoffensif.
Le corps nu mange les yeux, avale le regard, aspire l’être; il est l’interdit en acte, la transgression même, l’exhibition scandaleuse. Il s’agit de mettre en évidence le statut ambivalent du corps nu de la femme qui est objet de désir, de sacralisation et de putréfaction : la femme nue fait forcément l’ange et la putain.
LA CHAISE
La chaise est humanisée, elle parle au corps et lui ordonne de se déshabiller. Il s’agit de déshabiller la femme de ses composants extérieurs de séduction : robe, bas, chaussures. Puis la chaise demande à ce corps de se mettre nu, à nu, pour finalement faire basculer la scène dans un espace intime où la séduction s’inverse.
La voix impérieuse, douce et fantomatique soumet le corps à ses ordres : « Approche, n’aies pas peur, viens sur moi, voilà, comme ça, il est beau ce petit corps, comme il est tendre et doux… ». Le corps est réduit à ses formes tentatrices, il devient une forme fraiche, alléchante, que la voix manipulera dans l’objectif de lui faire perdre toute force auratique, tout espace intime de singularité. Corps-objet qui n’est plus femme, la scène devient obscène, lorsque le corps se livre à des frottements sans conscience, une sorte de force régressive est à l’oeuvre sur ce corps qui se couvre de peinture, de traces de souillure mentale que laisse la voix sur sa peau.
LE VOILE
Le corps est nu sur une chaise, il est recouvert d’un film plastique, corps qu’on emballe, peau compressée, image d’étouffement, corps aliénée à l’objet puis recouvert de peinture noire, dont on ne laisse apparents que les yeux. Femme murée dans le noir d’une nouvelle peau, qu’elle ne peut enlever qu’en la déchirant, femme trouée au niveau des yeux, seuls orifices vivants, visibles, voyants.
- Festival Jeune création, Grandes halles de la Villette à Paris en 2003, titre : Parcours. Il s’agissait de vivre les actions en se frayant un chemin au milieu des spectateurs
- Actions à la Galette d’Art, un squat rue du Pont Neuf à Paris en 2001
- Événement collectif dans un appartement désaffecté : changement de bail, à Paris 19ème en 2003
Londres 2014 – Live painting sur la scène de jazz du Cockpit theater

Je suis invitée par le Cockpit theater à peindre en direct sur de la musique jazz; des improvisations contemporaines que j’interprète en surplomb de la fosse des musiciens. Le cadre de papier tendu laisse apparaitre les formes peintes au fil de la musique qui se déploie.
Corinne Tanner danse dans la peinture de nath en octobre 2017 à Paris

PAS DE FEMMES DANS LA VILLE
Comment penser le corps des femmes dans la ville ? Comment le faire vivre, déambuler, sans entraver sa marche de regards qui fusillent, fouillent, cherchent l’appât dans les plis des mouvements. La femme est une ombre projetée sur les murs de la ville et une forme pleine, contenant de désirs et de frustrations.
ACTION au jardin des Tutsis à Paris le 31 janvier 2019 par le LABO NOMADE Esther 21, une histoire d’amour
Il s’agit de dessiner les mille collines du Rwanda au fusain, sur des corps qui se présentent comme les supports d’un paysage qui a été le lieu de massacres en 1994.
Les corps des danseuses se moulent dans le drap et en dessinant leur corps, j’essaie de dessiner mille collines faites de ces corps. Ce qui est à voir, ce qui fait image physique mais surtout mentale, c’est bien sûr l’hommage rendu aux victimes du génocide.


Doc 3 bis Pour OK Team équipe Esther 21 Rwanda in Festival Ubumuntu
Finalement nous n’irons pas au Rwanda, mais un peu de ce pays viendra à nous, en la personne d’Adélaïde Mukantabana.
Madame Mukantabana a été invitée ce mois de juillet 2019 aux Martinats à Boussac en Creuse, pour nous parler du génocide rwandais, nous raconter son histoire et à travers son histoire, celle de notre pays la France, qui a activement participé à perpétrer ce génocide. Zone non dite, peu dite, honteusement cachée des politiques français de tous bords qui n’ont aucun intérêt à ce que soit dite la vérité. La vérité du racisme blanc le plus meurtrier : celui qui consiste à faire croire au monde entier, que ce qui se passe là bas, sous des tropiques bien trop chauds, bien trop lointains et sauvages, n’a pas la même valeur humaine que pour nous autres, européens évolués.
L’invention de la guerre interethnique est donc commode pour justifier les manipulations européennes qui ont mené des voisins, des amis, des parents à commettre des crimes, avec la bénédiction des prélats catholiques, et l’aide active des forces de police nationales et des forces armées internationales et principalement françaises.
Adélaïde Mukantabana a donc écrit un livre après des années de silence, de souffrance par les souvenirs des massacres de ses enfants, de sa famille démembrée.
Ce livre : L’INNOMMABLE – Un récit du génocide des Tutsi – 2016 – Éditions l’Harmattan, Adélaïde nous l’a présenté ce 28 juillet 2019 aux Martinats.
La veille, le théâtre d’or des Martinats a présenté un spectacle
RWANDA en Creuse Témoigner en Art au Théâtre d’Or ECART les 27 28 juillet 2019
PAS DE FEMMES DANS LA VILLE
Ce spectacle questionne les pas des femmes dans la ville, où vont les pas des femmes dans la ville, où sont ils autorisés, interdits, par qui, comment, pourquoi…
Qu’est ce qu’un corps de femme dans une ville ? Sans aller bien loin, sans parler de ce qui ne nous est pas connu, nous sommes trois femmes, deux brésiliennes, une française, concernées toutes trois par le conditionnement serré, autoritaire et menaçant du machisme de nos cultures respectives. Pas besoin d’aller chercher l’injustice ailleurs que chez soi, les femmes d’ici ou d’ailleurs subissent toutes le joug masculin. Joug qu’elles intériorisent en tant que mères, lorsqu’elles élèvent leurs enfants dans la reproduction du modèle dominant. Comment enlever le masque de l’hypocrisie institutionnelle, hypocrisie intériorisée par tous et toutes; comment enlever NOS MASQUES et dire la réalité.


PAS DE FEMMES DANS LA VILLE, à Pierrefitte sur Seine, le dimanche 9 juin 2019
Avec Soraya Freire (voix et composition), Stéphane Meunier (guitare et composition), Rosi Andrade (mise en scène et danse), Nath Moreau (danse et peinture)





PAS DE FEMMES DANS LA VILLE se transforme, nous sommes désormais quatre pour parler de ce que vit un corps de femme pris dans les mailles des regards, des désirs et des obsessions que ce corps porte depuis des millénaires.
Tout change autour mais rien ne change dedans : dans le foyer, dans la famille, au travail, dans la rue, le corps de la femme porte le monde des fantasmes des injonctions contradictoires et violentes, des femmes, des hommes.