Découverte du chamanisme avec Jean Gabriel Foucaud et Jean Vertemont. Quête de vision dans la forêt des Vosges, je suis seule sous la tente pour quatre jours et trois nuits. Ici tout le monde parle des esprits, ce monde invisible dont la société contemporaine nous prive; il s’agit de les retrouver.

Question : l’esprit étant difficile à décrire, à observer pour une occidentale comme moi, comment donc le représenter ?  Ce qui entraine la seconde question : puisqu’il s’agit de la choses la plus immatérielle qui soit quelle est la plus petite unité que l’on puisse poser sur un plan ? Réponse : le point.

Il pleut sur la toile de tente, des milliers de points tombent du ciel, par milliers de goutte qui frappent le toit de la tente sans aucune constante rythmique. Je pose des points sur la page. Des traits, puisque le feutre dérape un peu au contact de la feuille.

Vingt quatre heures ont passé, accalmie d’une heure, j’entrouvre la toile de tente.

Vent et crachin dans les herbes.

La toile de tente prend l’eau, je dois partir en quête d’une bâche, le camp est à trois kilomètres, je marche dans la forêt, sous la pluie, les heures passent, je repasse par le même chemin, je me perds.

Partout la forêt ruisselle, partout le fracas de l’eau partout les ruisseau qui débordent.

De retour à la tente, je dessine le chemin et cette sensation de pluie invasive.

La forêt se repose, il ne pleut plus, les arbres luisent dans le soleil retrouvé.

Retour à l’atelier, il faut garder l’énergie et la transposer sur le papier, à deux mains, avec deux pinceaux dans chaque main, l’encre s’organise presque d’elle même.

Les esprits de la forêt sont là, dans cette toile commencée au bord de la Cèze et que je parviens à terminer au bout de dix ans

Et toujours la danse

danse de la main